Avec Gilles Daveau.
Aujourd’hui, bien manger est devenu complexe : entre ordonnance au bien être, impératifs environnementaux et limites économiques, le mangeur se sent souvent perdu. Pour éclairer ce questionnement nous recevons dans notre podcast Pépite, Gilles Daveau, cuisinier, formateur et auteur engagé pour une alimentation saine, durable, végétale et accessible. Avec clarté, il nous invite à revisiter notre rapport à l’alimentation, trop souvent dominé par des injonctions ; nutritionnelles, marketing ou des dogmes de la société de consommation.
Manger fait partie des besoins fondamentaux de l’être humain, tout comme dormir, s’abriter ou se reproduire, nous rappelle Gilles Daveau dans ce podcast. C’est à l’aune de ces besoins essentiels que nous pouvons juger ce qui est réellement durable. D’ailleurs, les concepts émergent souvent quand leur évidence disparaît. Avant l’essor de l’agriculture industrielle, nul besoin de parler « d’agriculture biologique ». De même aujourd’hui, si l’on évoque « l’alimentation durable », c’est parce que notre modèle alimentaire n’est plus soutenable. Pour mémoire, l’ONU a défini en 2010 une alimentation durable comme étant à la fois bénéfique pour la santé, respectueuse de l’environnement, du climat, des ressources naturelles et de la biodiversité.
Or aujourd’hui notre alimentation est largement guidée par la logique de la quantité. Nous sommes prisonniers d’une approche qui segmente notre assiette en grandes masses nutritionnelles : protéines, glucides, lipides.
Changement de menu pour tendre vers une alimentation saine
Cette vision quantitative a entraîné une mutation profonde de notre manière de manger. Ce qui relevait autrefois du repas de fête — une abondance de protéines animales du début à la fin du repas — est devenu le quotidien. Un signe révélateur : en 1900, chaque Français consommait en moyenne 16 kg de légumineuses par an. En 2000, la consommation de légumes secs est tombée à 1,6 kg. Cette évolution reflète la tendance où chaque repas doit être constamment « fun » et excitant, digne d’une publication Instagram, reléguant la simplicité et la régularité alimentaire au second plan. Gilles Daveau constate que l’approche d’une alimentation saine, qui cherche à corriger ces déséquilibres, est insuffisante. Il ne s’agit plus de répondre aux carences ou aux excès, mais de repenser la qualité globale de ce que nous mangeons.
Du consommateur au mangeur éclairé
Pour changer notre relation aux repas, il préconise de retisser un lien avec les aliments. Ce que Gilles Daveau appelle « le récit alimentaire » : savoir d’où vient ce que l’on mange, comment les fruits, les légumes poussent, comment le type de production agricole nourrit la terre, les producteurs, et notre propre corps. Dans cette dynamique Gilles Daveau nous invite à sortir de la logique du « con.som.mateur ». Il plaide pour une réappropriation collective de l’alimentation : penser les repas autrement, remettre de la diversité au cœur de nos assiettes, valoriser les filières bio et locales, recréer un lien entre le mangeur et l’agriculteur. Car il le rappelle, « on ne mange pas avec notre raison, on mange avec notre culture ». Dans cette quête de réappropriation, Gilles Daveau insiste sur l’importance de faire confiance à son propre corps.
Nous sommes, chacun, les meilleurs experts de ce qui nous convient : ce qui est bon, digeste, désirable. Vouloir imposer un modèle unique, sans tenir compte de cette dimension individuelle, conduit à des résistances. Or nous avons besoin de changer de menu pour tendre vers une alimentation saine.
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pour manger en conscience.