Cela devient coutumier, cette année encore, les récoltes de fruits secs sont largement impactées par le réchauffement climatique : sècheresses, canicules, gelées tardives, propagations de ravageurs, etc. : quasiment toutes nos filières ont été impactées cette année à un degré plus ou moins marqué.
Depuis 3 ans, Pépite s’est engagée dans un vaste programme d’accompagnement de ses producteurs vers des pratiques agroécologiques plus résilientes, afin de renforcer la santé des arbres fruitiers. Cette transition vers l’agroécologie devient urgente pour nos producteurs des pays du Sud.
La Turquie, qui constitue notre 1ère source d’approvisionnement en fruits secs, a notamment été fortement impactée cette année par une vague de froid ayant balayé tout le pays lors de la 2 ème semaine d’avril, avec des températures avoisinant les -15 °C au moment où les arbres fruitiers étaient en pleine « éclosion ».
ABRICOTS SECS de Malatya
Alors que cette région mondialement connue pour la qualité de ses abricots séchés produit en moyenne 100 000 tonnes d’abricots séchés par an, cette année, suite aux gelées tardives de la 2ème quinzaine d’avril, la production est estimée à…. 5000 tonnes, soit 5 % d’une récolte normale !
La plupart des producteurs ont même laissé leur maigre production sur les arbres, cette dernière ne permettant pas de rémunérer les frais de main d’oeuvre nécessaires pour la récolte.
Fort heureusement, suite à la belle récolte de 2024, nos producteurs avaient encore en stock 30 % d’abricots de 2024, qu’ils nous ont réservés. En les achetant 2 fois le prix de l’an dernier, cela permettra d’assurer un revenu minimal à nos producteurs, dans l’attente de jours meilleurs en 2026.
Notre partenaire Isik, en Turquie, va se charger de les trier pour nous proposer un abricot tout aussi moelleux que les autres années.
FIGUES SÉCHÉES des montagnes de Nazilli
Le figuier étant un arbre tardif, les gelées du mois d’avril fort heureusement n’ont pas eu d’impact sur cette production.
Par ailleurs, après un printemps humide, particulièrement bénéfique pour les figuiers,l’été a été très chaud et sec dans les champs de figuiers sur les flancs des montagnes au-dessus de Nazilli où nous nous approvisionnons. Or, c’est dans ces conditions estivales « extrêmes » que les figuiers donnent les meilleures figues : cette année, nos figues des montagnes seront donc particulièrement sucrées et savoureuses.
Fidèle à notre politique de qualité, nous resterons cette année sur un gros calibre, même si leur prix sera en augmentation du fait de petits calibres présents majoritaires sur les arbres cet été. D’autre part, avec un temps très sec en cette période de séchage, la qualité sanitaire devrait être excellente.
Les autorités turques ont décidé d’une mise en marché tardive pour les figues séchées 2025 (15 octobre) et les 1ers lots de nouvelle récolte ne devraient pas être disponibles avant la 1ère quinzaine de novembre.
NOISETTES des collines d’Alapli
La récolte de noisettes en Turquie est également décevante cette année, avec une estimation au 1er septembre inférieure à 500 000 tonnes, contre 760 000 tonnes l’an dernier, soit en baisse de 35 % au minimum. 3 raisons majeures expliquent cette mauvaise récolte : la vague de gelées tardives du mois d’avril a aussi affecté les rives de la Mer Noire au nord de la Turquie et ses noiseraies.
De surcroît, un été particulièrement sec dans cette région généralement brumeuse et humide a entravé le développement des noisettes, majoritairement de petit calibre cette année.
Les noisetiers sont véritablement en souffrance compte tenu du manque de précipitations, à tel point que certains producteurs ont décidé d’irriguer leurs arbres cet été.

Enfin, la « punaise diabolique » un ravageur de la noisette en provenance d’Europe centrale continue sa progression à travers la Turquie si bien que même les noiseraies les plus à l’Ouest sont maintenant impactées par ce ravageur.
Il est maintenant avéré que la récolte sera de petite taille cette année. Le décorticage des noisettes commence juste dans les usines, avec des rendements plutôt inférieurs à la moyenne en lien avec la taille des noisettes, ce qui va rajouter des tensions sur ce marché déjà fortement haussier.
RAISINS SULTANINES de la plaine de Manisa
Aux mêmes causes les mêmes effets : cette vague de froid continentale venue de l’Est du continent, après avoir traversé l’Anatolie centrale et fait des ravages dans les champs d’abricotiers, est venue s’échouer à l’Ouest de la Turquie, jusqu’aux rives de la mer Egée, produisant d’importants dégâts sur les vignes de la plaine de Manisa.
La production turque de raisins secs, qui peut atteindre 300 000 tonnes les plus belles années, sera au maximum de 200 000 tonnes cette année, ce qui va créer des tensions sur le marché, tant en termes de prix que de disponibilités.
Point positif : après un hiver et un printemps pluvieux très bénéfique pour les vignes, une météo très favorable avec un air très sec depuis le démarrage du séchage des raisins mi-août devrait donner des raisins d’excellente qualité, particulièrement sucrés et avec une magnifique couleur ambrée claire. La qualité sanitaire devrait être également au rendez-vous si le temps sec se maintient jusqu’à la fin de la période de séchage (fin septembre), avec l’absence de mycotoxines (toxines émises par des champignons).
AMANDES de la vallée de Villena en Espagne
Comme chaque année, la production gigantesque de l’amande californienne en conventionnel conditionne le marché mondial de l’amande. Ces dernières années, les prix étaient extrêmement bas, à la limite des coûts de revient pour des producteurs complètement désarmés.
En bio, malgré un prix de vente davantage rémunérateur pour les producteurs, le différentiel entre bio et conventionnel était insuffisant au regard des efforts déployés et des risques pris par ces producteurs en bio, et ce d’autant plus que le traitement en bio contre l’Avispilla de l’amande (insecte ravageur de l’amande), ne donnait pas de bons résultats.
Cette année, dans un contexte haussier général sur le marché des amandes, et suite à la déconversion de nombreux producteurs en bio découragés par cette culture insuffisamment rémunératrice, les prix augmentent significativement. À noter l’exceptionnelle précocité de la récolte cette année : nos 1ers arbres ont été récoltés le 18 juillet cette année, sous des températures caniculaires, alors que les autres années, la récolte commençait au plus tôt la 1ère quinzaine d’août.
La qualité de nos amandes sera de belle facture cette année, grâce à l’appoint en eau réalisé cet été via l’irrigation des vergers.
CRANBERRIES des plaines du Saint-Laurent au Québec
La situation pour les producteurs bio de cranberries est identique aux producteurs d’amandes : la conjugaison d’un différentiel de prix insuffisant entre bio et conventionnel au regard des risques encourus et du travail réalisé en bio, conjuguée au développement de ravageurs affectant particulièrement les productions en bio ces dernières années, tout cela conduit à la déconversion massive de production biologique et à la raréfaction de l’offre. Cette matière première sera pénurique cette année
NOIX DE COCO du « Coconut Triangle » au Sri Lanka
Depuis le début de l’année 2025, notre filière « Noix de coco » au Sri Lanka traverse une crise sans précédent. Une sècheresse extrême dans la continuité de l’épisode « d’El Niño » et une saison des pluies retardée ont profondément affecté la production de noix de coco, les cocotiers étant particulièrement sensibles aux précipitations.
Rajoutons à cela la prolifération de ravageurs (mites et mouches blanches) et les dégâts provoqués par les macaques fuyant leurs habitats déforestés, et nous avons une baisse des quantités récoltées de l’ordre de 80 % depuis le début de l’année. Cette situation, critique pour les producteurs de noix de coco, est destinée à perdurer jusqu’à l’arrivée de la prochaine saison des pluies… en avril 2026.
Comble de l’ironie, certains experts commencent à évoquer la possibilité d’irriguer à l’avenir les cocotiers sur cette île tropicale à la végétation luxuriante.
NOIX D’AMAZONIE des forêts de Cobija en Bolivie
Même dans la forêt amazonienne, l’eau commence à manquer : des précipitations insuffisantes l’an dernier ont affecté les « castañeros », si bien que la collecte de noix d’Amazonie a été catastrophique cette année, plongeant toute une partie de la population de cette région qui vit quasi exclusivement des revenus de cette noix dans une situation économique extrêmement précaire.
La flambée des prix sur cette noix ne compense que partiellement la perte des volumes au moment de la récolte. D’autant plus que les rendements au décorticage ont été décevants, avec beaucoup de noix de petit calibre.
DATTES DEGLET NOUR de l’oasis de Rjim Maatoug dans le sud tunisien
Alors que nous observons de manière générale que le réchauffement climatique a un effet négatif sur toutes les productions fruitières, il semble que le palmier-dattier, connu pour résister à des températures très élevées, s’adapte très bien pour le moment à ces températures de plus en plus extrêmes.
En l’occurrence, dans le sud tunisien, la récolte s’annonce excellente pour le moment, tant en terme de qualité que de quantité. Les arbres sont chargés en fruits. Le boufaroua (acarien du palmier-dattier) est quasi absent cette année. La récolte devrait démarrer début octobre avec une semaine d’avance, et les filets installés autour des régimes de dattes pour les protéger des agressions du soleil, des maladies et des insectes ont déjà été déployés si bien que la qualité des dattes semble relativement sûre à date.
Pour mémoire, ces filets sont financés pour partie par le fonds équitable issu de notre programme Biopartenaire® et apportent aujourd’hui une véritable sécurité aux producteurs de Rjim Maatoug.
BANANES CHIPS de l’île de Mindanao aux Philippines
Terminons par une bonne nouvelle : après 2 années d’investigations suite à des problèmes sanitaires sur les bananes chips, et pour lesquelles nous avions pris la décision de ne plus commercialiser le produit par précaution (même si aucune législation ne nous l’imposait), nous avons enfin solutionné ce problème qualité avec notre partenaire philippin, si bien que nous sommes désormais en mesure de vous proposer des banane chips, tout aussi délicieuses qu’avant et avec toutes les garanties en termes de qualité sanitaire.

Renforcer des filières résilientes, équitables et durables n’est pas un choix : c’est une nécessité.