Après avoir posé un constat sans appel dans le premier épisode de notre podcast Pépite, Serge Zaka revient pour explorer les solutions concrètes qui permettraient à l’agriculture de devenir un levier d’atténuation du dérèglement climatique.
Agroclimatologue reconnu, Serge Zaka partage ici son expertise sur les pistes à privilégier. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des alternatives réalistes, déjà testées sur le terrain, pour faire évoluer nos pratiques agricoles vers plus de résilience, de durabilité et de bon sens.
L’agriculture régénérative : un équilibre à cultiver
Parmi les solutions mises en avant, l’agriculture de conservation des sols se distingue. Elle repose sur trois piliers : le non-labour, la couverture permanente des sols, et une diversification des cultures (notamment par l’introduction de légumineuses). Ces pratiques permettent :
- De stocker du carbone dans les sols,
- De préserver la biodiversité microbienne,
- Et de mieux retenir l’eau face aux sécheresses.
Cette approche, aussi appelée agriculture régénérative, est selon Serge Zaka « la meilleure option pour concilier production, performance climatique et protection des ressources ».
Changer nos habitudes, un pas vers la résilience
Mais pour accompagner cette transition, nos choix alimentaires ont eux aussi un rôle déterminant. Le scientifique insiste sur la nécessité de réduire notre consommation de viande rouge, en particulier celle importée. Manger moins, mais mieux, en privilégiant la viande locale et de qualité, permettrait de :
- Préserver des prairies utiles au climat,
- Maintenir une fertilité des sols (essentielle en bio),
- Réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Et bien sûr, cela implique de revaloriser les protéines végétales, comme les lentilles, pois chiches ou haricots, dont la culture est parfaitement adaptée à nos territoires.
Le bio ? Oui, mais avec moins de gaspillage
Serge Zaka nuance également : le bio, s’il est plus respectueux de la biodiversité, nécessite plus de surface pour une même production. Une solution ? Lutter contre le gaspillage alimentaire. En France, 30 % des denrées sont perdues, ce qui représente 8 à 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Moins gaspiller permettrait donc d’élargir la place du bio, sans artificialiser davantage les sols.
Innover sans masquer les vrais enjeux
Derrière chaque solution technique – irrigation de précision, semences plus résistantes, robotisation – se cache une interrogation essentielle : répond-elle au problème, ou le déplace-t-elle ? Pour Serge Zaka, l’innovation est bienvenue, à condition de ne pas occulter les transformations profondes de nos systèmes agricoles et alimentaires.
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